Rattaché à la direction générale de la création artistique du ministère de la Culture, le Mobilier national est une institution dont les origines remontent au Moyen-Age. Véritable soutien des métiers d’art et de la création, il a pour mission, outre la conservation et la restauration de ses collections uniques au monde, de perpétuer et de transmettre ses savoir-faire exceptionnels. On vous emmène à la découverte de cette institution hors du temps !

Du Garde-Meuble royal au Mobilier national

Les origines du Mobilier national remontent à Henri IV, qui fonde en 1604 le Garde-Meuble Royal. Cette administration était en charge de pourvoir les demeures royales en tapisseries et en mobilier, au gré des déplacements de la cour, alors itinérante. En 1663, Colbert réorganise le Garde-Meuble Royal, qui prend alors le nom de Garde-Meuble de la Couronne. En 1804, Napoléon entreprend une vaste politique de réameublement des palais, et renomme l’institution Mobilier Impérial. Ce n’est qu’à la chute du Second Empire en 1870 que l’administration prend son nom actuel de Mobilier National. Depuis 1959, le Mobilier national est installé dans le 13ème arrondissement de Paris, rue Berbier du Mets (du nom de son premier administrateur), à l’emplacement des anciens jardins de la manufacture des Gobelins.

Riche de quelques 100 000 pièces décoratives et d’ameublement, le Mobilier national poursuit aujourd’hui sa mission de conservation et de restauration de ces objets, destinés encore aujourd’hui à l’ameublement des résidences présidentielles et des palais officiels.

Réserves du Mobilier National, visite ©T. Chapotot

1937 marque un tournant important pour l’institution. C’est à cette date que sont réunies sous une même administration le Mobilier national et les Manufactures nationales créées par Colbert. L’institution devient alors Mobilier national et manufactures des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. En 1976, l’atelier conservatoire national de la dentelle du Puy-en-Velay et l’atelier national du point d’Alençon sont également rattachés à l’institution.

Le savoir-faire des manufactures nationales, un trésor à découvrir

Les Gobelins et Beauvais, deux hauts-lieux de la tapisserie

Fondée en 1662 par Colbert et située dans l’actuel 13ème arrondissement de Paris, la manufacture des Gobelins s’est illustrée jusqu’à aujourd’hui par la haute technicité de son savoir-faire unique. Spécialisée dans la réalisation de tapisseries, la manufacture compte aujourd’hui 15 métiers verticaux, dits de haute-lisse, et emploie une trentaine d’agents.

La réalisation d’une tapisserie prend à elle seule plusieurs années, voire dizaines d’années selon les œuvres. Chacune d’entre elle porte en signature le monogramme de la manufacture, un « G », avec le dessin de la broche qui sert à tisser en travers. 6 à 7 pièces « tombent de métier » chaque année.

La manufacture de Beauvais date quant à elle de 1664. Si le site de Beauvais est lui aussi spécialisé dans la réalisation de tapisseries, on y travaille sur des métiers de basse-lisse, placés à l’horizontal. Les lissiers travaillent à l’aide de pédales, qui permettent de croiser les fils et de réaliser le tissage de la tapisserie. Une grande technicité maîtrisée par quelques lissiers qui perpétuent dans ces ateliers un savoir-faire séculaire ! 5 à 6 pièces par an « tombent de métier » à Beauvais.

Un incendie ayant ravagé les locaux de la manufacture de Beauvais en 1940, les ateliers sont venus s’installer au sein de la manufacture des Gobelins. En 1989, 10 métiers ont regagné la ville de Beauvais dans d’anciens abattoirs rénovés, mais 12 métiers sont toujours installés et visibles à Paris.

  • La manufacture de la Savonnerie, l’art du tissage du tapis

Première manufacture royale de tapis fondée en France, la manufacture de la Savonnerie doit son nom à l’ancienne fabrique de savon dans laquelle Louis XIII installa ses ateliers. La production de la manufacture était destinée, comme les Gobelins, à l’ornementation des palais et résidences royales.

Les tapis sont réalisés sur des métiers de haute-lisse, selon une technique de points noués et de boucles. Il faut entre 8 et 20 points noués au centimètre carré pour réaliser le motif du tapis ! La réalisation d’un seul tapis peut ainsi prendre entre 12 mois et 7 ans, selon la grandeur et la complexité du dessin.

Aujourd’hui, une quarantaine de lissiers travaillent au sein de la Savonnerie, dont les ateliers sont répartis entre Paris et Lodève, dans l’Hérault.

  • L’atelier conservatoire national de la dentelle au fuseau du Puy-en-Velay

Créé en 1976, cet atelier est un hommage vivant à la tradition dentellière de la ville du Puy-en-Velay, qui a compté jusqu’à 70 000 dentellières au XVIème siècle ! Mis en place sous l’impulsion de l’ancien président Valérie Giscard d’Estaing, l’atelier conservatoire est l’héritier de de la Manufacture nationale du point de France, fondée par Colbert en 1665.

La dentelle du Puy est réalisée à l’aide de fuseaux, que la dentellière entrelacent et croisent pour former les points et réaliser le modèle. Plusieurs centaines de fuseaux sont nécessaires pour réaliser un seul ouvrage, en raison du grand nombre de points existants. Certains modèles peuvent nécessiter jusqu’à 6 000 heures de travail ! Une dizaine de dentellières œuvrent au sein de l’atelier du Puy, pérennisant un savoir-faire exceptionnel et participant au rayonnement culturel de la région.

Les manufactures du Mobilier national proposent des visites guidées toute l’année, pour faire connaître leurs savoir-faire auprès du grand public. Seule la manufacture de Beauvais est temporairement fermée pour travaux (réouverture fin 2022).

Commentaires

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JOUFFRE Charles - Le 13 février 2023

Intéressé par une telle visite

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