Installée sur les bords de la Risle en Normandie depuis le XIXème siècle, BOHIN est aujourd’hui la dernière fabricante d’aiguilles et d’épingles sur le territoire. Entrez avec nous dans les coulisses de cette entreprise hors du commun !

Le Pays d’Ouche, bastion de la tradition épinglière

Le saviez-vous ? Au milieu du XVIIIème siècle, 6 000 personnes étaient employées dans les quelques 450 épingleries alors existantes autour de L’Aigle, dans l’Orne ! En effet, doté d’un sol riche en minerai, la région s’est rapidement spécialisée dans la métallurgie et la sidérurgie, au point de constituer la 3ème région sidérurgique de France à la veille de la Révolution.

Courant XIXème, la fabrication d’aiguilles et d’épingles perd du marché au profit de l’Allemagne et l’Angleterre. La ville de Redditch, au sud-est de Birmingham, devient alors la capitale mondiale de la fabrication d’aiguilles.

C’était sans compter sur le génie de Benjamin Bohin, qui rachète la manufacture en 1866. Aujourd’hui, Bohin est le dernier fabricant européen d’aiguilles et d’épingles, seul conservateur d’un savoir-faire florissant au siècle dernier.

Benjamin Bohin, un homme hors du commun

Benjamin Bohin est à l’origine de la manufacture, dont le savoir-faire perdure encore aujourd’hui. Né en 1822, il est doté d’un caractère intrépide et aventurier. En 1833, alors âgé de 11 ans, il aurait repris l’activité créée par son père Pierre-Noël, fabricant d’objets en bois et en fer, pour la moderniser. En 1860, il oriente son activité vers la production d’aiguilles, et il achète en 1866 une usine sur les bords de la Risle, l’actuelle manufacture Bohin.

Son fils Paul reprend à son tour les rênes de l’entreprise en 1873, et il invente au début du XXème siècle la 1ère machine capable de réaliser la fabrication complète des aiguilles. La manufacture connaît alors son véritable âge d’or : une médaille d’or en 1889 à l’Exposition Universelle, et une production qui s’élève à 400 millions d’aiguilles et 3 milliard d’épingles par an.

Benjamin Bohin s’éteind en 1911, laissant derrière lui une manufacture florissante, et de nombreux écrits philosophiques alimentés par ses voyages autour du monde.

27 étapes pour produire une épingle !

L’objet semble si simple à l’usage … et pourtant ! 27 étapes sont nécessaires pour produire une épingle, représentant 2 mois de travail. Choix du fil métallique, dressage (fil rendu droit), coupage, perçage, ébavurage, trempage à 835°C, polissage …. jusqu’à l’emballage, toutes les étapes sont réalisées sur place. Pour maintenir la qualité et préserver le savoir-faire, les ouvriers travaillent sur les machines historiques, datant du XIXème siècle, et sans électronique.

Le catalogue compte aujourd’hui plus de 1 500 références (différentes aiguilles à coudre, épingles à tête de verre, épingles de sûreté …), autant de gestes différents et de techniques à maîtriser !

Un savoir-faire partagé avec le plus grand nombre !

En 2000, les caméras de Jean-Pierre Pernaud se posent dans les ateliers de la manufacture, permettant aux téléspectateurs de découvrir les coulisses de la manufacture normande. La machine est lancée, et le public se presse nombreux, désireux de découvrir ce bijou industriel.

La manufacture a quitté le giron de la famille Bohin, et depuis 1997, c’est Didier Vrac, alors directeur commercial au sein de l’entreprise, qui en a repris la direction. Grâce à un ingénieux montage financier public-privé, Didier Vrac met en projet la restauration d’une partie des bâtiment, pour la création d’un espace muséographique et d’un parcours de visite au sein des ateliers. Il recrute Audrey Régnier en 2011, qui sera en charge de la partie muséographique jusqu’en 2018, date à laquelle elle reprend à son tour les rênes de l’entreprise.

Bohin ouvre les portes de son circuit de visite en 2014, et devient rapidement un incontournable de la région ! Près de 20 000 visiteurs s’y pressent chaque année, pour observer le savoir-faire de ses ouvriers de talent. La manufacture est labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant depuis 2020.

> Reprise des visites dans les Ateliers BOHIN dès ce mardi 4 avril, jusqu’au 3 novembre 2023. Visites libres ou guidées des ateliers et de l’espace muséographique, et accès aux expositions temporaires. Plus d’information ici

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